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Je me questionne sur mon identité, suis-je lesbienne ?


Claire – Institutrice


Je m'appelle Claire. J'ai 29 ans, et je n'ai jamais vraiment su comment mettre des mots sur ce que je ressentais au fond de moi. Depuis toujours, j'ai eu cette sensation étrange, presque invisible, comme une légère brise que l'on sent mais qu'on ne peut jamais attraper : une attirance pour les femmes. Ce n’était pas un besoin d’étiqueter, mais juste une réalité de mon être. Et pourtant, je n'ai jamais voulu y prêter attention. Je vivais avec, comme on vit avec une ombre que l’on n'ose pas regarder, pensant que si on y porte trop d’attention, elle pourrait se transformer en quelque chose de bien plus grand que ce qu'on est prêt à affronter.


En grandissant, j'ai vu des films, lu des livres, et observé des gens autour de moi, mais quelque chose me bloquait. La société, ma famille, mes amis, tout autour de moi semblait avoir une idée bien précise de ce qu'était l’amour, la sexualité, et la vie de couple. On se marie, on fait des enfants, on se trouve un homme ou une femme, et on rentre dans un cadre. On entre dans une norme, et cette norme semblait définir qui j’étais censée être. J’ai donc suivi ce schéma pendant longtemps. En dehors de quelques petites étincelles de curiosité et d'attirance pour certaines femmes, je suis restée dans ce cadre. Je n’osais pas trop explorer ces sentiments.


J'avais trop peur de me faire étiqueter !


Mais à 29 ans, les choses sont devenues plus évidentes. Je crois que j'ai atteint un âge où il est difficile de continuer à ignorer une partie de soi-même, même si cela me terrifie. Cette attirance pour les femmes n’a pas disparu. Elle s’est intensifiée, mais j’ai commencé à me poser des questions sur ce que cela signifie réellement pour moi. Est-ce que j'essaie d'être simplement une "femme avec une préférence" ? Est-ce que je suis lesbienne ? "bi" ? Est-ce que je suis prête à tout recommencer, à remettre en question des années d’habitudes et de certitudes ? Mais ce qui me fait le plus peur, c’est ce que cela pourrait signifier pour les autres.


Je vois tout autour de moi des couples "classiques" : un homme, une femme. C’est ce que l’on attend de moi, même inconsciemment. Mais si je choisis d’être avec une femme, qu'est-ce que cela dit de moi ? Est-ce que je vais tout à coup être enfermée dans une case, une case dont je n’ai pas choisi la forme ? Je déteste l’idée de me sentir "étiquetée". C’est étrange, parce que je n’ai jamais vraiment eu de problème avec l’idée d’être moi, d’être qui je suis, sans me soucier des attentes des autres. Mais là, tout à coup, je suis confrontée à ce qui semble être une contradiction : la peur de l’étiquette et la peur du changement.


Je crains que, si je franchis ce pas, il n’y ait plus de retour en arrière. C’est comme si, une fois ce pas franchi, une porte se fermerait derrière moi. Je crains d’être définie par ce choix, de devenir cette "femme qui aime les femmes", et d’être perçue comme une personne qui ne correspond plus à ce que l’on attend d’elle. J’ai peur que mes relations deviennent réduites à ce simple fait, que les gens se souviennent de moi uniquement pour ça, et que tout le reste de ma personnalité passe au second plan. Le regard des autres m’a toujours influencée plus que je ne voudrais l’admettre, et la perspective de me retrouver en dehors du cadre "acceptable" me rend nerveuse.


Et puis il y a la question de la fluidité. Et si je changeais d'avis plus tard ? Et si, en suivant cette voie, je me retrouvais à un moment donné à me dire que ce n’est pas ce que je veux vraiment ? Est-ce que je peux me permettre de douter, de me tromper, de redéfinir ce que je ressens, sans que cela remette en question ma crédibilité ou ma légitimité ? Est-ce que la société me laissera cet espace pour naviguer, ou devrais-je absolument prendre une décision définitive et irréversible ? Je sais, au fond de moi, que la sexualité et l'attirance sont bien plus complexes et fluides que ce que l’on veut nous faire croire. Mais le regard des autres, encore une fois, me fait douter. Est-ce qu’on me permettra d’évoluer, ou vais-je être condamnée à rester "celle qui a choisi" une étiquette qui ne correspond peut-être même pas à la réalité de mon expérience ?


Il y a aussi cette peur de la rupture, de l’échec. Si je m’engage dans une relation avec une femme, et que ça ne marche pas, est-ce que cela voudra dire que tout ce que j’ai vécu avant était une erreur ? Je ne veux pas de cette pression. Je ne veux pas avoir à me justifier sans cesse sur mes choix, sur mon passé, sur ma sexualité. J’ai envie de vivre librement, sans devoir me rendre compte à qui que ce soit de mes désirs et de mes sentiments. Mais la société me rappelle sans cesse que "choisir" c’est "prendre une décision" et que, dès qu’on choisit, on est jugé. Ce n’est pas une décision facile, et pourtant elle semble de plus en plus inévitable.


En même temps, il y a cette liberté qui m’attire


Cette liberté de vivre mes désirs sans me soucier de la validation des autres. Cette liberté de rencontrer une personne qui pourrait me comprendre, sans avoir besoin de rentrer dans un moule. Peut-être que cette peur est simplement un reflet des conditionnements sociaux, des jugements que je porte sur moi-même, mais que les autres ne m’imposent pas nécessairement. Peut-être qu’à force de fuir cette partie de moi, je me prive d’une expérience de vie plus authentique, plus épanouissante.


Aujourd'hui, je n'ai pas toutes les réponses. Je n'ai pas franchi ce pas, mais j’ai décidé de commencer à l'explorer. J'ai compris que l’attirance que je ressens pour les femmes fait partie de moi, qu’elle n’a pas à être qualifiée ni analysée pour que je puisse la vivre pleinement. Je suis Claire, et je me permets peu à peu de sortir des cases où on a voulu me mettre. Je ne suis pas prête à m’enfermer dans un schéma rigide, ni à être définie par mes préférences sexuelles. Ma sexualité, mon amour, mon désir ne se limitent pas à des étiquettes. Peut-être que je finirai par rencontrer une femme et construire une histoire avec elle. Peut-être pas. Mais ce que je sais, c’est que je veux être libre d’explorer cette partie de moi sans peur, sans jugement, et sans me sentir forcée de rentrer dans un cadre prédéfini.


Il n’y a pas de schéma parfait, pas de voie toute tracée, pas de définition universelle. Je choisis de suivre mon cœur et de prendre le temps de découvrir qui je suis vraiment, sans me laisser figer dans un modèle qui ne me correspond pas.



Photos non contractuelles.
 

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