Sophie, 43 ans - Nancy
Je m'appelle Sophie et il y a un an, j'ai pris une décision qui a bouleversé ma vie. Pendant 15 ans, j'ai été mariée à Christophe. Une vie qui, de l'extérieur, semblait parfaite. Un mariage stable, deux enfants, une maison agréable. Mais à l'intérieur de moi, je sentais un vide grandissant, une impression de ne pas vivre pleinement ma vérité.
Depuis l'adolescence, je savais que j'avais des sentiments pour les femmes, mais dans ma famille catholique pratiquante et dans mon environnement conservateur, ce genre d'attirance n'était jamais évoqué, encore moins accepté. J'ai mis ça de côté, pensant que c'était une phase, ou que le mariage et la maternité combleraient ce manque. Pendant des années, j'ai joué le rôle de l'épouse et de la mère dévouée, en mettant mes désirs au second plan.
Un regard qui a changé mon monde
Quand j'ai rencontré Mélanie. C'était une amie au début, puis une confidente, et finalement, une évidence. À ses côtés, j'ai ressenti quelque chose que je n'avais jamais ressenti avant : un amour authentique, simple, et puissant. C'était comme si une part de moi, longtemps réprimée, se réveillait enfin. J'ai compris que je ne pouvais plus continuer à vivre dans le mensonge, ni avec Christophe, ni avec moi-même.
Quand j'ai annoncé à Christophe que je le quittais pour une femme, sa réaction a été celle que je redoutais : de l'incompréhension, de la colère, de la tristesse. Il ne s'attendait pas à ça, personne ne s'y attendait. Il m'a demandé si tout notre mariage avait été un mensonge, et bien que cela soit difficile à entendre, j'ai dû lui avouer que, même si je l'avais aimé à ma façon, je ne m'étais jamais sentie pleinement moi-même avec lui.
Le pire est venu après les aveux
Ma famille, qui avait toujours été présente dans ma vie, m'a tourné le dos. Ma mère m'a dit que je détruisais tout pour une "lubie", que je devais penser à mes enfants avant de prendre de telles décisions "égoïstes". Mon père, avec qui j'avais toujours eu une relation très proche, ne me parle plus. Il m'a dit qu'il ne comprenait pas comment j'avais pu trahir ainsi tout ce en quoi ils croyaient.
Je me suis retrouvée seule avec Mélanie, sans le soutien de ceux qui avaient toujours été là pour moi. Mes enfants, encore jeunes, ont eu du mal à comprendre pourquoi maman et papa ne vivent plus ensemble et leur père fait tout pour que les choses s'empirent...
L'aliénation parentale, l'arme de mon ex mari
Le plus difficile à gérer je crois, c'est leur père qui ne cesse de vouloir les monter contre moi, qui cherche à instrumentaliser mes enfants pour me punir. Il s'obstine à me rabaisser devant eux et à me discréditer. Il peut aller jusqu'à leur dire que je suis dans le pêché, que j'offense Dieu chaque jour et que par conséquent, je ne suis pas une bonne mère pour eux car je ne leur donne pas le bon exemple.
C'est très difficile à vivre mais heureusement petit à petit, avec l'aide de la psychologue pour enfants, les choses rentrent doucement dans l'ordre et je retrouve une complicité avec mes deux loulous d'amour.
Malgré la douleur, je ne regrette pas ma décision
Être lesbienne ne fait pas de moi une mauvaise personne ! Rien n'est incompatible, car je concilie ma foi catholique et mon appartenance à la communauté LGBTQ+ sans aucune difficulté. J'assume pleinement qui je suis et être avec Mélanie m’a permis de me trouver pleinement. Chaque jour est un pas vers la guérison, vers la reconstruction d'une vie authentique, même si elle ne ressemble en rien à ce que j'avais imaginé.
Je ne sais pas si un jour ma famille acceptera ma relation avec une femme, mais ce que je sais, c'est que pour la première fois de ma vie, je me sens libre et profondément aimée dans une authenticité sans égale.
Photos non contractuelles.
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