Julia – 24 ans, Toulon
Je souhaite aujourd'hui vous partager un témoignage douloureux mais important pour moi, parce que c’est l’histoire de ma libération. Une libération qui a un goût doux-amer, parce qu’au final, bien qu’il y ait une sorte de paix intérieure qui commence à se faire jour, je suis aussi confrontée à une solitude que je n’avais pas imaginée.
Il y a quelques mois, j’ai fait quelque chose que j’avais peur de faire pendant des années. J’ai fait une annonce à ma famille, à mes amis proches, à ceux que j’aimais, à ceux qui pensaient me connaître. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai dit tout haut ce que j’avais enfoui au fond de moi depuis trop longtemps : « J'aime les femmes. » Je ne suis pas sortie d’une relation avec un garçon, ce n’était pas une phase passagère ou un doute. Non, c’était une vérité qui m’habitait, qui m’a toujours habitée, mais que j’avais niée par peur du rejet, de la déception, de l’incompréhension.
J'étais ancrée dans mes peur d'être rejetée
J’ai grandi dans une famille aimante, mais traditionnelle. Mes parents m’ont toujours dit qu’ils m’aimaient, qu’ils seraient là pour moi, quoi qu’il arrive. Mais je me suis vite rendue compte que, comme beaucoup d’autres jeunes filles de ma génération, j’étais conditionnée à « suivre le modèle ». Ce modèle, c’était un homme et une femme, c’était le mariage traditionnel, les enfants, et tout le reste. Je n’avais jamais vu d’exemples de couples homosexuels autour de moi, ni dans ma famille, ni dans mon cercle d’amis. Et si, au fond de moi, je savais que quelque chose ne collait pas, je n’avais pas les mots pour l’exprimer. C’est seulement en grandissant, en me découvrant à travers les livres, les films, les rencontres, TikTok, Instagram, que j’ai réalisé que je n’avais pas à être ce qu’on attendait de moi.
Pendant des années, j’ai fait semblant
Je suis sortie avec des garçons, j’ai eu des relations plus ou moins sérieuses, j’ai prétendu être amoureuse. Mais à chaque fois, il y avait un vide. Je n’avais pas la même étincelle que dans les histoires que j’entendais, je n’avais pas cette sorte de « magie » qu’on disait ressentir quand on était avec la bonne personne. Au fond, j’essayais d’être ce qu’on attendait de moi, ce que la société attendait d’une fille de mon âge : avoir un petit copain, me projeter dans l’avenir avec lui, fonder une famille. Mais plus je vieillissais, plus cela me semblait faux, de plus en plus insupportable.
Alors un jour, j’ai pris la décision de me libérer de ce fardeau. J’ai pris une grande inspiration, et j’ai annoncé à mes parents que je préférais les femmes. Je leur ai expliqué que c’était une part de moi que je ne pouvais plus ignorer, que c’était ma réalité. Au fond, je pensais que, parce qu’ils m’aimaient profondément, ils comprendraient. J’espérais qu’ils se rendraient compte que l’essentiel, c’était que j’étais heureuse, que je vivais enfin en accord avec moi-même. Mais la réalité a été bien différente.
Ma mère a éclaté en sanglots
Elle m’a dit qu’elle avait du mal à accepter cette nouvelle, qu’elle ne savait plus comment me voir. Elle m’a parlé de ses peurs, de ce que ça signifiait pour elle, d’un point de vue moral, familial. Mon père, de son côté, a réagi par la colère. Il m’a dit que c’était « juste une phase », que c’était une erreur. Il a insisté sur le fait que je pourrais « changer » si je voulais. Il m’a dit que j’étais « confuse » et que je devais réfléchir à ce que cela impliquerait pour ma vie future. Puis, avec un ton de reproche, il m’a dit que ça ne correspondait pas aux valeurs qu’il m’avait transmises. C’était comme un coup de poignard.
Je crois que ce moment a marqué un tournant irrémédiable. Après cette conversation, quelque chose a changé entre nous. Ils m’ont dit qu’ils ne savaient plus comment m’aimer, qu’ils ne comprenaient plus qui j’étais. Pendant des jours, il n’y a eu que du silence entre nous. Je suis allée dans ma chambre, j’ai pleuré, je n’arrivais même pas à leur en vouloir. J’étais juste… perdue.
Ma grande sœur a réagi un peu différemment au début. Elle m’a dit qu’elle m’aimait toujours, mais elle a également eu besoin de temps pour digérer la nouvelle. Je pensais qu’avec elle, je pourrais garder un lien fort, celui que nous avions toujours eu. Mais au fur et à mesure, elle a pris ses distances. Elle a commencé à se montrer plus distante, plus froide. Elle me disait que « tout ça la perturbait », qu’elle avait besoin de comprendre. Petit à petit, je l’ai vue s’éloigner. Aujourd’hui, je n’ai plus beaucoup de nouvelles d’elle. Ce n’est plus la sœur avec qui je partageais tout. Elle n’est plus là pour moi, du moins pas comme avant.
C’est la solitude qui est la plus difficile à supporter
Il y a des moments où je me demande si j’ai fait le bon choix. Est-ce que c’était vraiment la bonne chose à faire ? Est-ce que j’aurais dû me taire pour préserver l’harmonie ? Mais au fond de moi, je sais que je n’aurais jamais pu continuer à vivre comme avant. Si j’avais continué à mentir, à faire semblant d’être ce que je ne suis pas, je me serais effondrée. Mais ça n’a pas été facile, bien au contraire. Je me sens isolée, comme si j’avais perdu tout ce qui me rattachait encore à ma famille. Les repas de famille sont devenus des moments de tension. Mes parents m’évitent souvent, et même si je suis en colère, il y a une part de moi qui les comprend. Ils n’ont pas été préparés à ça. Pour eux, c’est un choc.
Mais malgré tout ça, il y a une partie de moi qui est profondément sereine, presque heureuse, même dans cette épreuve. Parce que, pour la première fois, je ne mens pas. Je suis enfin en phase avec moi-même. C’est une sensation indescriptible, comme si tout était plus léger, comme si un poids énorme venait de se lever de mes épaules. Je sais qui je suis, je sais ce que je ressens, et peu importe ce que les autres pensent, cela ne changera pas.
Il y a des jours où tout est plus dur que d’autres. Quand je vois des couples, des amis qui s’épanouissent avec leurs proches, je me sens parfois seule et perdue. Mais en même temps, je sais que je mérite d’aimer et d’être aimée pour ce que je suis réellement, sans compromis, sans concession.
Alors oui, je suis seule, mais je suis aussi LIBRE. Et je crois que, avec le temps, les choses finiront par s'arranger. Peut-être que mes parents finiront par comprendre, peut-être pas. Mais je ne peux pas revenir en arrière. Je me reconstruis, pas à pas, avec l’espoir qu’un jour, je retrouverai des liens plus authentiques, avec des personnes qui m’accepteront pour ce que je suis, telle que je suis. Et en attendant, je prends ce chemin seule, parce que je sais que c’est le seul qui en vaille la peine !
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